samedi 13 décembre 2014

Marie Maurel de Maillé... à la lisière

Le mystère, l'Unheimliche, cette fameuse inquiétante étrangeté dont le goût me plaît tant depuis toujours.

Ce doux frisson qui me parcourait l'échine en lisant Hoffmann, les contes fantastiques de Gautier et Nerval, les nouvelles de Poe, je l'ai à nouveau senti à la vue des photographies de Marie Maurel de Maillé exposées de façon croisée avec d'autres jeunes photographes au Château d'Eau de Toulouse.

Du mystère, assurément mais pas que... Ses photographies sont empruntes d'une poésie étonnante, dévorante, déroutante. Fragments de réalité qui ainsi découpés en plans serrés, elliptiques semblent nous échapper tout en nous attirant.

J'avoue avoir été littéralement fascinée par cette écriture photographique. L'émerveillement est total tant l'oeuvre de cette artiste est à la fois image, son, atmosphère, pensée, rêve...

A travers son objectif, on réapprend à regarder. Les paysages, les lieux acquièrent par son pouvoir une dimension onirique qui place son travail à la frontière de la réalité et de l'imaginaire.

C'est avec un délice non feint teinté d'une légère angoisse que l'on redécouvre le conte de "Raiponce". Décor déjà constitué ou mise en scène? Quoiqu'il en soit le charme opère.







Les photographies de la série "l'Estran" m'ont tant fascinée que me voilà bien décidée à aller visiter le château Abbadia à Hendaye à la première occasion. Le pouvoir d'évocation de Marie Maurel est si puissant qu'il m'a pris une folle envie de courir après l'ombre virevoltante du jupon de Virginie d'Abbadie, épouse du fantasque et érudit Antoine d'Abbadie, au détour d'un couloir arborant des signes cabalistiques ou sur la lande qui surplombe l'océan.







Marie Maurel de Maillé aura réussi à me faire rêver et à réveiller en moi l'amoureuse romantique éprise de liberté des "Hauts de Hurlevent". Une bouffée de vie m'a envahie en regardant ses photos et c'est certainement le plus beau des cadeaux...